La lutte contre le CO2, quels résultats ?

Par Hugo Le Boulzec

 


Principal enjeu des négociations climatiques comme en atteste le protocole de Kyoto, les émissions de CO2 dans le monde dépendent fortement des différentes conjonctures économiques et de la démographie. Toutefois, elles permettent un recul sur les initiatives énergétiques prises par les acteurs publics et privés.


Les émissions de CO2 dans le monde sont en augmentation depuis plus de 40 ans. Cette tendance s’est accélérée entre les années 2002 et 2014 (voir graphique 1). On remarque cependant une importante corrélation de cette croissance avec le bond du PIB au début des années 2000. Cela cache donc les efforts de réduction des émissions.

Afin d’étudier l’évolution des émissions de carbone par rapport à l’activité humaine, nous utilisons l’intensité carbone (graphique 2). Elle correspond au niveau d’émissions de CO2 par unité de PIB. Que remarque-t-on ?


-          Entre 1971 et 2012, l’intensité carbone a diminué de 32,9%.


-          L’intensité carbone a très fortement chuté entre les années 1971 et 2000. Cette phase s’explique par une fantastique création de richesses la caractérisant. Le PIB mondial s’est accru de 147% sur cette période, contre 68,7% pour les émissions de CO2.


-          Au cours de la période d’accélération des émissions de CO2 (à partir de 2002), la diminution de l’intensité carbone a ralenti. En effet, la croissance des émissions de CO2 s’est accélérée (croissance moyenne de 2,6% par an sur la période 2002/2012 contre 1,81% sur la période 1971/2000) pendant que la croissance du PIB a ralenti (croissance moyenne de 2,7% sur la période 2002/2012 contre 3,1% sur la période 1971/2000).



Un peu d’optimisme : au cours des dernières années, nous avons observé deux rebonds de l’intensité carbone liés aux crises économiques de 2000 et 2008 [1]. Malgré cela, l’intensité carbone a diminué de 0,17% en moyenne par an entre 2000 et 2012. De plus, les dernières données de l’AIE font état d’une stagnation des émissions de CO2 en 2014, par rapport à l’année précédente. L’économiste en chef (et actuel directeur exécutif) de l’AIE Fatih Birol s’est félicité de ces résultats, d’autant plus que dans l’histoire récente, jamais une croissance économique (de 3% pour 2014) ne s’était accompagnée d’une stagnation des émissions[2]. Cela s’explique selon lui par les efforts des différentes politiques énergétiques, affaiblissant le lien entre croissance économique et émissions. 

 


[1] Cela est notamment dû à une utilisation partielle du matériel optimisé pour fonctionner à plein régime, ainsi qu’à une diminution des investissements dans les procédés à faibles émissions de CO2.

Écrire commentaire

Commentaires: 0