Le dernier rapport du GIEC

Par Marie-Laure Pautret



Depuis sa création en 1988, le GIEC (groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat) a rédigé cinq rapports d’évaluation visant à faire un bilan des connaissances à propos du changement climatique. Le cinquième et dernier rapport publié en 2014 est divisé en trois parties et utilise des modèles climatiques plus robustes que les précédents. Il est considéré comme un ouvrage de référence et aidera les négociateurs lors de la COP21. L’intégralité du rapport est consultable sur le site officiel du GIEC : https://www.ipcc.ch/





Partie 1 : Les éléments scientifiques



Cette partie est une série de données scientifiques sur le changement climatique. 4 scénarios, nommés RCP (profils représentatifs d’évolution de concentration) [i], sont élaborés pour simuler les années à venir. Le plus pessimiste table sur une augmentation de 5,5°C à la fin du XIXe siècle par rapport à 1850, et le plus optimiste sur une augmentation comprise entre 1 et 2,4°C.


Observations et prévisions :


-          95% de certitude que l’activité humaine est la principale cause du changement climatique


-          La planète subie des changements sans précédent


-          Conséquences sur les mers et les océans :

o   Réchauffement des eaux superficielles et baisse de la masse des glaciers

o   Hausse du niveau des mers prévue entre 29cm et 82cm (voir Graphique 1[ii]), sachant qu’une hausse d’un mètre aurait un impact sur un dixième de la population mondiale (voir Graphique 2²)

o   Acidification des eaux donc dégradation des écosystèmes et de la qualité de l’eau car l’océan absorbe environ 30% des émissions de CO2


-          Conséquences sur les précipitations : hausse des disparités et des événements extrêmes sur le globe


-          Réchauffement du pergélisol [iii] qui entraine une hausse des émissions de CO2 et de CH4 car ces gaz sont stockés depuis de nombreuses années dans ces sols gelés


-          Inertie du changement climatique de l’ordre de plusieurs siècles : les effets du CO2 sont ressentis après son émission


Partie 2 : Impact, adaptation et vulnérabilité



Cette partie évalue les risques et avantages du changement climatique sur nos sociétés, les impacts sur l’Homme et les moyens de gérer voire réduire les problèmes liés au changement climatique. Toutes les informations y sont données avec des degrés de confiance plus ou moins élevés.


Observations et prévisions :


-          Évolutions chez de nombreuses espèces liées au changement climatique, notamment dans leurs activités et leurs mouvements migratoires


-          Incidence négative du changement climatique sur le rendement des cultures, entraînant une hausse des prix


-          Forte vulnérabilité des populations marginalisées. Elles sont défavorisées car vivent dans des lieux à risque, dépendent fortement de l’agriculture et subissent la hausse des prix des denrées alimentaires.


-          Adaptation au changement climatique à différentes échelles, intégration de ces enjeux dans les projets de développement (par exemple, l’Australie se prépare à la montée des eaux)



L’accent est particulièrement mis sur les risques à venir pour encourager les décisions :

-          Baisse de la qualité et quantité des eaux douces

-          Creusement des inégalités sociales

-          Dégradation de la santé

-          Dégradation des réseaux électriques, hydrauliques…

-          Hausse de l’insécurité alimentaire

-          Pertes de revenus pour les régions rurales

-          Dégradation des écosystèmes


Pour gérer ces risques, il faut mettre l’accent sur le développement humain (en particulier avec un accès à l’éducation pour tous), sur l’aménagement du territoire ou encore développer des politiques d’intégration.




Partie 3 : Atténuation des changements climatiques


Cette partie évalue différentes options pour réduire nos émissions de gaz à effet de serre.


-          Nécessité d’une coopération internationale


-          Faire des efforts équitables en regardant les contributions passées et futures de chaque pays dans les émissions


-          Cibler les secteurs générant des gaz à effet de serre [1] (voir fiche n°1)

à  Changer les systèmes de production d’énergie et l’usage des terres

à Augmenter l’efficacité énergétique notamment dans les transports et le bâtiment

à Multiplier par 3 ou 4 la part des énergies sobres en carbone, qui comprennent les énergies renouvelables et aussi  l’énergie nucléaire (qui reste tout de même confrontée à de nombreux obstacles)

 

 

 

 

 

Notes :

[1]Ces scénarios prennent en compte l’évolution des émissions de gaz à effet de serre et tirent leur nom du forçage radiatif qui leur correspond. Le forçage radiatif traduit la différence entre l’énergie radiative reçue et l’énergie radiative émise d’un système, donc un forçage radiatif positif entraîne un réchauffement du système.

[2] Issu du rapport du GIEC de 2014, partie 1 https://www.ipcc.ch/home_languages_main_french.shtml

[3] Sol ayant une température inférieure à 0°C pendant plus de deux ans consécutifs.

[4] Voir fiche 1 « contre quels gaz à effet de serre luttons nous »

Écrire commentaire

Commentaires: 0