Le coût du réchauffement climatique

Par Karl Vallet

         5500 milliards d'euros. C'est le coût de l'inaction des gouvernements dans la lutte contre le dérèglement climatique. C'est le prix que nous devrons payer si rien n'est fait dans les dix prochaines années. Jamais le monde n'aura connu de crise économique aussi importante.

 

Ces chiffres ont été publiés dans un rapport de 700 pages en 2006 par Nicholas Stern, ancien vice-président senior de la Banque mondiale. Selon l'économiste britannique, le réchauffement climatique bouleversera les éléments fondamentaux de nombreuses populations aux quatre coins du globe : l'accès à l'eau, la production de nourriture, l'environnement, la santé. Des centaines de millions de personnes à travers le monde seront alors frappées par la faim, la pénurie d'eau, les inondations côtières, la pollution, la maladie, les sécheresses, les tempêtes... Ces phénomènes ont déjà commencé à se propager, y compris dans les pays riches. Malheureusement, c'est dans les pays pauvres qu'ils ont et auront le plus d'ampleur bien que ceux-ci soient beaucoup moins responsables de la situation climatique actuelle. Le réchauffement est déjà responsable de 300 000 morts chaque année et coûte 90 milliards d'euros par an, des chiffres qui vont très rapidement grimper.

Si l'on ne fait rien pour réduire les émissions de gaz à effet de serre, leur concentration dans l'atmosphère atteindra dès 2035 plus du double du seuil qu'elle atteignait avant la révolution industrielle. Ceci mènerait à une hausse de la température mondiale de plus de 2°C qui impacterait le PIB mondial (estimé à 53000 milliards d'euros en 2012) de 5 à 20% selon les risques évoqués. Nicholas Stern implore dans ce rapport les gouvernements d'agir au plus vite et pose comme objectif une stabilisation du taux de CO2 dans l'atmosphère : ce taux devrait être 25% inférieur au taux actuel en 2050 et 80% inférieur sur le long terme. Le coût annuel de cette stabilisation est alors estimé à 1% du PIB mondial. Ainsi selon l'économiste, si chaque pays investissait chaque année 1% de son PIB dans la transition énergétique, le monde éviterait cette crise économique d'une ampleur encore plus importante que la grande dépression ou que les deux guerres mondiales.

 

Cependant, ce rapport a été publié en 2006 et la situation ainsi que ces estimations ont très vite évoluées. En effet, Nicholas Stern a été critiqué dès le lendemain de la publication pour son excès d'optimisme et il a avoué en 2009 qu'il avait lourdement sous-estimé la rapidité du réchauffement climatique. En effet la hausse de la température mondiale n'est plus estimée à 2°C mais à 5°C à la fin du siècle si nous continuons à ce rythme, un changement climatique équivalent à celui du passage de l'ère glaciaire à notre époque. Le coût de l'inaction mondiale est alors estimé à plusieurs dizaines de pourcents du PIB mondial selon les scénarios envisagés, pouvant ainsi faire plus que doubler les 5500 milliards d'euros initialement estimés en 2006. Notre implication et notre action dans la lutte contre le réchauffement climatique ont aussi vu l'estimation de leur coût annuel augmenter, passant de 1% à 5% du PIB mondial. Un investissement conséquent pour de nombreux pays mais crucial pour les conditions de vie des générations futures et qui reste faible face aux terribles dommages que causerait notre inaction. Agir contre le réchauffement climatique nécessite des sacrifices mais le monde a-t-il réellement le choix ?

Pour aller plus loin :

Compteur du coût du réchauffement climatique en temps réel : http://www.planetoscope.com/rechauffement/899-cout-du-rechauffement-climatique-dans-le-monde.html


Résumé du rapport Stern en français : http://cdurable.info/Rapport-Stern-Cout-du-rechauffement-climatique-5500-milliards-d-euros.html


L'excès d'optimisme du rapport Stern : http://www.lefigaro.fr/environnement/2009/12/04/01029-20091204ARTFIG00504-changement-climatique-une-facture-tres-salee-.php

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