Les réserves d'énergie fossile

Par Benoît Amiot

La disponibilité des ressources est une importante préoccupation. En effet, entre 1970 et 2000, la consommation énergétique mondiale a doublé et elle pourrait augmenter de plus de 50% d’ici 2050 en l’absence de politiques publiques en ce domaine. Rappelons que l’approvisionnement énergétique de la planète repose encore à 87% sur les énergies fossiles (pétrole, gaz et charbon).

Les estimations du temps avant un épuisement mondial (en considérant notre consommation énergétique actuelle) sont les suivantes : 52 ans pour le pétrole, 54 ans pour le gaz et 110 ans pour le charbon[1]. Cette estimation est un assez bon indicateur de l’épuisement global des ressources mais elle prend uniquement en compte les réserves « prouvées ». Il est important de souligner que les réserves prouvées ne représentent qu’une certaine part (parfois faible) des réserves totales. Celles-ci comprennent par exemple les réserves de pétrole et de gaz non conventionnel. Mais ces dernières ne sont pas encore toutes exploitées en raison de la difficulté d’accès (gisement très profonds, régions reculées) ou bien des techniques d’extraction coûteuses et encore très perfectibles.

 

Le pétrole

Les réserves prouvées correspondent à 1700 milliards de barils en 2014 (52 ans de consommation) et se situent à 47% au Moyen Orient (Graphique 1).

Les 3 pays possédant les plus importantes réserves sont le Venezuela (17,5% du total mondial), l’Arabie Saoudite (15,2%) et le Canada (10,2%).

Toutefois, selon la dernière étude de l’US Geological Survey, 20% des ressources pétrolières dormiraient sous les glaces du pôle Nord (réserves non conventionnelles).

Les pétroles non-conventionnels comprennent les ressources en offshore profond (plus de 3000 mètres), en conditions polaires, les huiles extra-lourdes, les sables asphaltiques, ou encore les schistes bitumineux. Ces réserves sont coûteuses à exploiter et créent un débat sur la signification exacte de « réserve ».

Le gaz naturel

Les réserves se chiffrent à 187 000 milliards de mètres cube (Graphique 2) en 2014 (54 ans de consommation).

C’est la Russie qui possède aujourd’hui la plus grande réserve de gaz (23,7%) devant l’Iran et le Qatar.

On peut constater une augmentation significative des réserves prouvées en Amérique du Nord : les États-Unis sont aujourd’hui les principaux producteurs avec 20,5% de la production mondiale, devant la Russie (17,8%) et l’Iran (4,9%).

En considérant la hausse de la production mondiale de gaz naturel (+ 29,1%  entre 2003 et 2013), on prévoit un épuisement des ressources connues dans un peu moins d’un siècle. Mais les gaz non conventionnels tels les gaz de schistes ou les hydrates de méthane (prisonniers des glaces ou des sols gelés) représenteraient plus de 4 fois les réserves de gaz conventionnels selon l’Agence internationale de l’énergie.

Le charbon

On dénombre 891 531 millions de tonnes dans les réserves prouvées (Graphique 3) en 2014 (110 ans de consommation).

5 Pays détiennent presque 80 % des réserves : Les Etats Unis (25%), la Russie (22%), la Chine (13,9%), l’Australie (9,2%) et l’Inde (7,2%).

Pourtant, la Chine à elle seule absorbe près de la moitié de la consommation mondiale (46,9%).

Dans son rapport annuel de 2012, l’AIE préconise de laisser dans le sol plus des deux tiers des réserves prouvées de combustibles fossiles, afin de ne pas dépasser les 2°C de réchauffement global maximal d’ici la fin du siècle. Pendant ce temps-là, les explorations et forages pour extraire pétrole, gaz et charbon se multiplient et sont toujours plus profonds. Ces techniques coûteuses et dangereuses (gaz et pétrole de schiste) ne sont pourtant pas compatibles avec les objectifs climatiques.

Écrire commentaire

Commentaires: 0