Combien de réfugiés climatiques demain ?

Par Sofiane Kerbal


1. Situation actuelle


19,3 millions. C’est le nombre de personnes ayant quitté leur domicile en 2014 pour des raisons climatiques, selon le rapport annuel Global Estimates [1] du Conseil norvégien pour les réfugiés publié le 20 juillet 2015. Entre 2008 et 2013, ce chiffre s’élève à 165 millions.


 


2. Où vont les réfugiés climatiques ?


Dans la plupart des cas, la migration est interne au pays et temporaire : les réfugiés quittent les zones à risques pour se diriger vers les villes, plus sécurisées.


Néanmoins, nombreux sont les réfugiés environnementaux à quitter leur pays. En 2010, plus de 358 000 demandes d’asile ont été déposées dans les pays développés. Parmi ces demandes, 55 530 s’adressaient aux États-Unis, 47 800 à la France, et 41 330 à l’Allemagne. Viennent ensuite la Suède et le Canada.

 



3. Quelles sont les régions du monde les plus touchées par ce type de migration ? Quelles sont les principales causes naturelles ?


Si aucune région du monde n’est épargnée, l’Asie reste de loin la région la plus touchée, autant par les désastres hydrologiques (inondations) que par les catastrophes météorologiques (tempêtes, ouragans, typhons).


En 2014, 87% des réfugiés climatiques étaient asiatiques. Déjà en 2012, l’Asie était le continent le plus touché avec 22,2 millions de migrants. La Chine avait été particulièrement touchée par les typhons et inondations, voyant ainsi plus de 5 millions de ses habitants contraints de déménager. Aux Philippines, les typhons et moussons ont déplacé 3.5 millions de personnes.


On constate une forte corrélation entre vulnérabilité aux phénomènes climatiques et pauvreté économique. Cependant les États-Unis restent, avec le Japon, le pays développé où l’exode climatique est le plus important : 1,8 millions d’Américains ont été forcés de quitter leur domicile en raison des catastrophes naturelles (ouragans, inondations…).

 



4. La situation à venir ?


En 2008, 20 millions de personnes ont été déplacées par le changement climatique. En 2050, elles seront 200 millions. Ce chiffre a été calculé par Norman Myers, un chercheur britannique spécialisé dans les rapports entre l’écologie et l’économie. Mais il conviendrait de le nuancer. En effet, pour obtenir ce résultat, Myers a considéré toutes les régions du monde qui serait touchées par la hausse du niveau des océans, et conclu que la majorité des habitants de ces espaces émigrerait vers le monde occidental (Amérique du Nord et Europe Occidentale). Or il est tout à fait possible que les migrations se limitent aux pays concernés, ou à des pays limitrophes.


Restent bien sûr les habitants de certaines îles du Pacifique, comme les Kiribati ou l’archipel des Tuvalu, qui verront sans doute un jour leur pays disparaître sous les eaux. Les réfugiés climatiques issus de ces archipels, malgré le fait qu’ils soient exposés à un danger imminent, se voient refuser l’asile dans les pays développés les plus proches. C’est ainsi qu’en 2013, la Nouvelle-Zélande rejette la demande d’asile d’Ioane Teitiota, père de famille ayant émigré en Nouvelle-Zélande en 2007. Le changement climatique devient alors un véritable enjeu politique, et les pays d’accueil sont souvent frileux d’ouvrir une brèche aux migrants comme Teitiota en situation d’urgence climatique[2].




5. Peut-on envisager des solutions ?


François Gemenne, chercheur spécialiste des migrations environnementales, rappelle qu’une catastrophe naturelle est avant tout une « catastrophe sociale ». En effet, un tremblement de terre dans un désert n’est une catastrophe que s’il y a « conjonction d’un risque naturel avec des facteurs de vulnérabilité humaine ».


La prévention est cruciale pour limiter les conséquences d’une catastrophe naturelle :


·         Une planification de la répartition des populations semble inévitable, avec un déplacement préventif des habitants des zones à risque.


·         La planification urbaine est également préconisée : par exemple, mise en place de digues anti-crues ou de normes de construction pouvant réduire l’impact des désastres naturels comme les séismes.


·         Enfin, l’amélioration des systèmes d’alerte aux populations est un domaine dans lequel les gouvernements ont encore d’énormes progrès à faire.





Notes :

[1] Lien vers le site IDMC (Internal Displacement Monitoring Centre) et le rapport complet

http://www.internal-displacement.org/publications/2015/global-estimates-2015-people-displaced-by-disasters/

[1] Site de statistiques mondiales en temps réel :

http://www.planetoscope.com/Catastrophes-naturelles/1128-nombre-de-refugies-climatiques-dans-le-monde.html


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